La Ligue 1 en chiffres
Moins performant à tous les niveaux, Lyon n’a rien pu faire face aux retours en trombe de Marseille et Bordeaux, nouveau champion de France. Les buteurs français se requinquent, mais n’améliorent pas pour autant la moyenne de buts.
Bordeaux, sixième du nom
Champion d’automne et leader à 27 reprises cette année, Lyon a pourtant lâché sur la fin, face à la série record de Bordeaux (11 succès d’affilée), et des matches retours décisifs : tandis que les Girondins et Marseille collectaient 45 points chacun, l’OL en prenait 12 de moins. Les Gones se sont améliorés offensivement (29 buts contre 23 avant la trêve) mais leur défense s’est montrée plus poreuse (17 contre 12). Troisième attaque, deuxième défense, Lyon, d’habitude très fort en attaque à l’extérieur (33 points, autant que Bordeaux) et dans le dernier quart d’heure (deux points récupérés) est presque retombé dans l’anonymat.
Bordeaux remporte donc son sixième titre, ce qui le place à la sixième place au palmarès, à égalité avec le Stade de Reims, et à une unité de Monaco et Lyon. Avec cinq titres aquitains depuis 1984, seul Lyon (7) a fait mieux en 25 ans. Les Girondins ont principalement construit leur succès à domicile, prenant 47 points à Chaban-Delmas, ou ils n’ont plus perdu depuis octobre 2007, et dans le dernier quart d’heure, ou ils ont récupéré 12 points (Lyon, 2, Marseille aucun). Deuxième attaque (67), troisième défense (34), Bordeaux ne possède pas de buteur spécifique (Chamakh et Cavenaghi, 13), et n’a mené que 29,79 minutes par match, derrière le PSG (32), Marseille (31,21) et Lyon (30,42). Surtout, Bordeaux a souvent été mené, près de 15 minutes par match, contre 10,76 pour Marseille. Malgré tout, avec 80 points, c’est un champion très acceptable, puisque depuis 2002 et le passage à 20 clubs, Lyon n’avait dépassé ce total que deux fois sur six. Marseille, de son côté, finit pour la troisième fois d’affilée sur le podium, mais sa meilleure attaque (67) et son excellent bilan à l’extérieur (42 points) n’ont pas compensé sa défense moyenne (35) et surtout un parcours à domicile trop faible (35 points, 4 défaites et 22 buts encaissés).
Des gros costauds
Le haut a vampirisé le bas, ce qui explique que Le Mans et Saint-Étienne se soient maintenus avec 40 points seulement, total qui leur auraient coûté cher une fois sur deux durant les six dernières années. L’an passé, seules trois équipes avaient dépassé les 60 points et deux les 70, contre sept et trois cette année. On constate également une très nette baisse des victoires à domicile depuis deux saisons (43 %) par rapport aux 48 % de moyenne entre 2001 et 2007. Ce qui peut par exemple expliquer les 15 défaites du Havre à Deschaseaux, les 4 de Marseille, les 5 du PSG, Auxerre ou Nice, les 6 de l’ASSE et Nantes ou les 8 de Monaco ! Les succès à l’extérieur (27,1 %) talonnent d’ailleurs les matches nuls (29,5 %).
Enfin, à noter que trois équipes font mieux hors de leurs bases qu’à domicile, Marseille, Le Havre et Lorient. Le promu grenoblois, présent dans l’élite pour la première fois depuis 45 ans et qui a rapidement assuré son maintien, a pourtant battu des records d’ennui chez ses supporters : 9 buts marqués au Stade des Alpes, contre 22 encaissés, soit 31 au total. Quatre équipes ont marqué plus de buts sur leur pelouse. Quant à Toulouse, la meilleure défense (27), il n’a cédé que 8 fois à domicile, et n’a donc pas fait mieux que Saint-Etienne l’an passé (4), et qui, cette année, en a concédé 23, signant ainsi le plus mauvais bilan à l’extérieur (9 points, 33 buts encaissés). Les Verts se maintiennent malgré 20 défaites, ça ne s’était pas vu depuis 21 ans, et Nice en 1987 /88 (16e).
Les buteurs français prennent l’avantage
On dénombre désormais plus de buteurs français que d’étrangers dans les 13 premiers (7), alors qu’ils n’étaient que deux dans les 11 meilleurs en 2006/2007, et cinq sur 12 l’an passé. Le Toulousain Gignac, qui prend donc la relève du Lyonnais Benzema, s’est montré très régulier, puisqu’il a remporté les classements des buteurs allers et retours, avec 12 buts à chaque fois, et a signé 53 % des buts toulousains. S’il n’a pas été le premier Français à 25 buts depuis Cissé en 2003/2004 (26), il a marqué 22 buts sur 24 du droit, aucun de la tête, et est également le meilleur à l’extérieur (9, avec Benzema). Derrière, les Français Benzema et Hoarau (17), Savidan (14), Gourcuff (12), Gameiro et Rémy (11) sont au coude à coude avec Jelen, Niang et Bastos (14), Cavenaghi et Chamakh (13) et Hadji et Erding (11). Signe peut-être que les droits télés commencent à porter leurs fruits, les buteurs étrangers sont en net recul (45,8 % contre 50,93 l’an passé et 58,31 l’année d’avant) tandis que les «Bleus» n’ont pas été aussi nombreux depuis longtemps (14,8 % contre 11,5 en 2007/2008 et 9,46 en 2006/2007). Gourcuff, Benzema, Gignac ou Briand font partie du groupe de Raymond Domenech.
Dans le détail, Juninho est le meilleur sur coup-franc (5) devant Bastos (4), et Niang le plus performant sur penalty (3). Le Brésilien de Lille est le meilleur pied gauche de Ligue 1 (11) devant Benzema et Ben Arfa (6) tandis que Chamakh remporte nettement la palme de la tête (9) devant Hoarau (6) et Niang (5). A noter également les 4 têtes victorieuses de Gourcuff et Makoun. Enfin, chez les étrangers, le Brésil (68 buts) marque nettement moins qu’avant (194 buts lors des deux dernières saisons) mais reste tout de même largement en tête, devant la surprenante Argentine et le Maroc (28 chacun), tandis que le Mali (26) devance le Sénégal (25) et la Côte D’Ivoire (22), qui avaient cumulé 82 buts l’an passé. Les buteurs européens grignotent sur l’Amérique du Sud (100 contre 104) mais restent à portée respectable des Africains (169, 172 l’an passé). Le premier pays européen, la Pologne (15), est 7e.
La moyenne de buts toujours aussi faible
La ligue 1, en terme de buts, reste le mauvaise élève du football européen. Avec 2,26 buts par matches (2,28 l’an passé), elle reste derrière l’Angleterre (2,48), l’Italie (2,6) et surtout l’Espagne (2,9) et l’Allemagne (2,92). Une fois de plus, les 1-0, qui offrent trois fois plus de points qu’un 2-2 ou un 3-3, ce qui tendrait à montrer l’incohérence de la victoire à trois points, sont nettement majoritaires et en forte hausse par rapport à l’an dernier (21,32 % contre 16,58) tandis que les 0-0 ne sont que 5e (10,53%), derrière les 2-1, les 2-0 et les 1-1. Surtout, les scores fleuves sont très rares : il n’y a eu qu’un 4-4, un 4-3, deux 4-2, cinq 4-0 et six 4-1, soit au total même pas 4 % ! A titre indicatif, la meilleure attaque française, Marseille (1,76 buts par match), serait la septième de Bundesliga. De quoi bûcher pendant la trêve estivale…
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